L’entrepreneur peut être qualifié d’artiste et être comparé à ce dernier dans de très nombreux domaines, et l’inverse est tout aussi vrai.
L’entrepreneur peut non seulement s’identifier au profil de l’artiste, s’en inspirer, pour porter son projet, mais en un (artiste) naturellement. En effet, l’entrepreneur va passer d’une vision à sa concrétisation, comme un artiste passe d’un « rêve » à la réalisation de ce dernier. Or, un artiste est également comparable à un entrepreneur par le fait qu’il va également commercialiser son œuvre et agir comme un chef d’entreprise pour pouvoir « vivre de son art ».
Un entrepreneur, comme l’artiste, va être décrit par sa créativité, sa passion, quelqu’un qui va avoir confiance en lui en tant que porteur de projet.
Beaucoup d’éléments font donc rejoindre le profil de l’artiste à celui de l’entrepreneur, et vice-versa.
Étude
Tout d’abord, nous pouvons comparer ces deux profils par leur manque de ressource au départ du projet. Dans une grande partie des cas, un artiste comme un entrepreneur avant de connaître le succès, sera caractérisé par « une vie d’artiste », c’est-à-dire une vie de bohème, si l’on pousse le concept. Ceci étant que toutes les ressources financières (ou autres) sont utilisées dans le projet, et non gardées par le porteur du projet. Le manque de ressources ne limite cependant pas son porteur de projet, dans la poursuite de sa vision, et ne le démotive pas, car son but est de voir son œuvre s’accomplir.
Effectivement, cette obsession de voir se réaliser son projet, de le porter jusqu’à la fin, de faire en sorte que peu importe les obstacles qui se dressent sur la route le projet connaisse le succès, caractérise l’entrepreneur comme l’artiste. Tout cela, contribue au fait que dans une grande partie des cas, les personnes qui entourent ses entrepreneurs et ses artistes ne comprennent pas forcément leur obstination.
Or, il est important de noter ici que le porteur de projet, artiste ou entrepreneur, doit nourrir cette obsession de la concrétisation du projet par de la patience et de la persistance. Mais avec une vision la plus objective possible, car l’erreur étant humaine, il doit se remettre en question pour ne pas persister dans la mauvaise direction.
L’incompréhension de cette « quête » est également dû au fait que ce porteur de projet est caractérisé par le fait de sortir du cadre classique. Que ce soit à l’entrepreneur ou l’artiste, il va vouloir casser les codes pour innover, pour proposer quelque chose de différent et ainsi créer de la valeur. Ils vont alors aller à contre-courant.
Les artistes sont, en effet, perçues comme des visionnaires qui perçoivent le monde d’une autre façon. Or, les entrepreneurs qui ont transformé ce monde, ont très souvent été représentés de la sorte. Richard Branson, Steve Jobs, ou même Elon Musk, vont être décrit comme des personnes qui voient ce que la personne lambda ne peut pas voir.
Ceci est en lien direct avec leur aversion au risque. Les entrepreneurs comme les artistes doivent comprendre les risques, les mesurer, mais ne pas s’arrêter à cela.
Steve Jobs résume bien cette pensée si répandue :
« Les plus grands artistes comme Dylan, Picasso et Newton ont risqué l’échec. Et si nous voulons être grands, nous devons aussi prendre des risques ».
Il faut que ce porteur de projet ait de la créativité non seulement pour pouvoir innover, pour pouvoir présenter au marché la meilleure solution selon un contexte bien précis, mais doit aussi comprendre d’autres éléments qui ne sont pas liés directement à son projet, et en faire usage avec un certain degré de créativité.
Steve Jobs par exemple, a pris des cours de calligraphie à l’université, l’un des seuls cours qui l’intéressait, et cela a énormément contribué à ce que sa société Apple a su proposer pour se démarquer, et ainsi créer de la valeur.
L’entrepreneur, comme l’artiste, doit avoir une part d’intuition innée. En effet, ce dernier doit être convaincu de la bonne réussite finale de son projet, et doit « sentir » s’il doit persister ou pivoter. Bien évidemment, des outils managériaux sont là pour l’aider dans ces décisions. Cependant, dans sa position de porteur de projet, et vu les obstacles qui se dresseront sur sa route, l’intuition lui sera primordial, et ceci dès sa vision.
Souvent, celui qui réussit son projet, est connu pour sa qualité de travail, par son professionnalisme. Cependant, ces derniers savent sortir du cadre « d’emprisonnement du perfectionnisme ». En effet, comme le décrit si bien Éric Ries dans sa théorie du Lean Startup, l’entrepreneur doit lancer sur le marché un prototype de sa vision, et non pas une solution qu’il juge parfaite. En effet, à trop vouloir atteindre la perfection, l’artiste comme l’entrepreneur ne mettra jamais en place, c’est-à-dire sur le marché, son projet. Même si c’est le cas, beaucoup de ressources seront gaspillées pour un produit qui ne sera jamais parfait aux yeux de l’utilisateur final, il sera parfait uniquement aux yeux de son porteur de projet.
De manière générale, l’entrepreneuriat prend très souvent le monde du sport comme exemple au niveau de la gestion d’une équipe. Entreprendre un projet peut être très similaire qu’entreprendre une compétition avec une équipe sportive. Et donc le rôle d’un entrepreneur est très similaire à celui d’un entraîneur sportif. Certaines caractéristiques qui caractérisent un entraîneur sportif doivent aussi caractériser un entrepreneur.
Par ses expériences sur le terrain, par ses connaissances transmises par d’autres porteurs de projets avant lui, par la connaissance du succès et de la défaite, par son caractère inné de leader, par son « aura » qui fera ses partenaires se transcender pour son projet, l’entrepreneur se voit être similaire à son homologue du monde sportif.
“N’ayez pas peur de la perfection, vous ne l’atteindrez jamais.”
Salvador Dali
Ceci est en lien direct avec l’un des principes évoqués souvent dans les cours de management : lors de son lancement, le porteur de projet doit commencer petit et simple. Cela ne veut pas dire que l’entrepreneur ou l’artiste doit limiter sa capacité à produire un travail de qualité, ou à limiter sa vision.
Cependant, toujours dans l’optique d’être flexible au feedback du marché et de développer, d’améliorer sa solution proposée, l’entrepreneur doit faire comme l’artiste, produire selon le concept « Craftsmanship », ou le produit repose sur la qualité, et sera fait de manière artisanale.
Par ailleurs, l’entrepreneur doit réfléchir à tout ce qui compose son projet, il doit avoir les compétences dans différents domaines. Il doit non seulement concrétiser son œuvre, mais il doit aussi faire comprendre son message. Un peintre ne peut pas seulement maîtriser les couleurs, mais il doit aussi connaître la technique, le support, dans quelle galerie expose, quelle taille, pour qui, etc. Un entrepreneur dans la commercialisation d’un produit doit aussi réfléchir à tous les aspects.
L’entrepreneur, comme l’artiste, sera dans une quête perpétuelle d’apprentissage. Un artiste qui pensera avoir terminé son cycle d’apprentissage, ne pourra plus proposer une nouvelle vision, et comme l’entrepreneur, il stagnera, et ne sera alors plus « pertinent ».
Finalement, il y a le cadre commercial qui lie ces deux acteurs. En effet, l’artiste lui aussi veut par son œuvre convaincre et susciter de la valeur aux yeux d’autres personnes que lui. L’artiste veut vivre de son art, et donc l’aspect financier est au cœur de son projet. Il doit, comme l’entrepreneur, transformer sa vision en réalité, tout en créant de la valeur.
“Être bon en affaires est le genre d’art le plus fascinant.”
Andy Warhol
Conclusion
Donc, l’entrepreneur est un véritable artiste, et l’artiste est dans sa finalité également un entrepreneur, non seulement par l’aspect commercial qui conclut son œuvre, mais aussi par la gestion du développement de son projet.
La création d’une entreprise, avec tout ce que cela comporte, est une véritable œuvre d’art.
L’entrepreneur peut alors être considéré comme un artiste (des temps modernes ?).
D’ailleurs, l’artiste est un entrepreneur, car les artistes comme Picasso, Dali, et autres vont connaître un véritable succès dans le monde des affaires. Ils ont su créer de la valeur avec leur projet, ce qui est la finalité de tout entrepreneur.
L’entrepreneur va très souvent aller à contre-courant, comme un artiste qui ne sera pas compris, voire décrié, puis admiré, pris comme exemple.
Par ailleurs, à la vue de ce lien, nous pouvons nous demander si c’est au système économique (et à chaque individu dans leurs actions) d’être plus flexible et de permettre à ces entrepreneurs d’exprimer davantage leurs rêves, de donner tous les outils nécessaires pour pouvoir créer des projets entrepreneurials, et qu’ils soient comme des œuvres d’art façonnées par des artistes.
Nous pouvons aussi constater que les champs lexicaux de l’art et de l’entrepreneuriat peuvent être mélangés : design, concept, créativité, passion, innovation, etc.
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